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Éducation & formations : Comparaisons internationales : n° 78 [novembre 2008]. article 12, Unité d'analyse des systèmes et des pratiques d'enseignement, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, / Nadine Dalsheimer, Denis Despréaux
Publication de la DEPP / Education & Formations
Edité par Ministère de l'éducation nationale. Paris - 2008
La publication de VAcadémie Ranking of World Universities (ARWU) en 2003 a été la première d'une série de classements internationaux des établissements d'enseignement supérieur qui témoigne de l'avènement d'une véritable concurrence internationale dans ce domaine. Les approches utilisées pour les classements sont sensiblement différentes tant sur les modalités de choix des établissements à classer, que sur les critères et méthodes de mesure, ou sur la présentation des résultats. Cette diversité s'exprime pleinement au travers des sept classements internationaux qui sont détaillés et analysés dans l'article.
Dans l'ARWU et le Times Higher Education (THE) qui visent une couverture mondiale, quelques universités françaises figurent parmi les cent premières. Elles ne se classent cependant jamais dans les toutes premières, qui sont le plus souvent basées aux États-Unis et au Royaume-Uni. Dans le classement européen du Center for Higher Education (CHE), le nombre d'établissements français classés dans l'« excellence group » est inférieur à celui du Royaume-Uni, de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Italie. Il est identique à celui de la Suède. Les « grandes écoles », quand elles entrent dans la sélection des établissements à classer (le classement de Leiden ne classe que les universités) apparaissent dans un positionnement moyen, excepté dans le classement de l'École des Mines. Toutefois, le classement du Financial Times appliqué uniquement aux programmes de masters en management européens fait figurer les écoles de commerce françaises en excellente position. Le classement du CSIS (le Conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol) est le seul qui fasse ressortir les organismes de recherche français en tant que tels.
Sous l'appellation « établissement d'enseignement supérieur », se définissent en fait des entités très diverses aux missions variées. Tout classement générique de cet ensemble hétéroclite
est par nature arbitraire : il dépend des dimensions prises en compte pour caractériser les établissements (enseignement, formation, innovation, valorisation, responsabilité sociétale,...), des indicateurs utilisés pour placer les établissements par rapport à ces dimensions, et enfin, du mode de pondération des dimensions entre elles. Les classements sont ainsi le résultat de multiples choix, qui se justifient par rapport à des représentations préétablies de la qualité et à des objectifs implicites ou explicites. Compte tenu des nombreuses applications qui peuvent être attribuées aux classements, donc aux multiples objectifs possibles, aucun classement générique, quelles que soient sa qualité et sa pertinence, ne pourra répondre à l'ensemble des besoins et des questions.
De tels exercices constituent cependant une bonne méthode pour appréhender des systèmes aussi complexes et poser les questions de fond sur les voies d'amélioration des politiques publiques et des stratégies d'établissement. Toutefois, ils ne correspondent pas à une véritable démarche d'évaluation. Le principe de rangement sur une échelle unique aboutit en effet à confronter entre eux des objets très différents. Une évaluation comparative entre établissements d'enseignement supérieur ne peut se construire qu'à partir d'un travail de typologie permettant d'identifier parmi les établissements, voire au sein même des établissements ou d'organisations inter-établissements, les objets dont la proximité entre eux rend la comparaison pertinente. La typologie permet en outre d'appréhender l'enjeu de la nécessaire diversité du système par rapport à l'ensemble des besoins de la société, à l'inverse du classement hiérarchisé qui oriente vers un modèle uniformisé. Enfin, elle offre la possibilité de réorganiser les critères en fonction des objectifs ciblés, donc de répondre à un plus large spectre de besoins.